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DISCUSSION AVEC UN PRP - André Durocher : l'authenticité dans les relations

Bien connu pour son rôle de porte-parole au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), André Durocher, PRP,  a reçu la marque de reconnaissance PRP (professionnel en relations publiques) lors de la première cohorte de mars 2020.

Enseignant à l'Université McGill et commentateur de l’actualité policière dans plusieurs médias, André Durocher nous parle de sa vision des relations publiques et du rôle des relationnistes dans leur relation avec les médias. 

Se tenir debout pour se faire respecter

D'entrée de jeu, André nous a entretenus sur les "relations", un terme trop souvent oublié pour certains relationnistes qui pensent, à tort, que les communications doivent absolument passer par un contrôle de l'information.

Les dangers de ce contrôle sont multiples, mais c'est la perte de la crédibilité qui risque d'avoir le plus d'impact sur l'image et la réputation de l'organisation. Dans ce contexte, le relationniste doit être celui qui influence ses dirigeants pour que l'entreprise adopte des communications proactives, authentiques et sans filtre.

"Un peu comme une pièce de théâtre, on a le choix d'être sur la scène ou sur le balcon en arrière. Si votre organisation ne veut pas parler aux médias d'un incident ou d'un projet, les journalistes vont trouver leurs informations ailleurs, et ce, peu importe si vous collaborer ou non. "

La meilleure gestion de crise, c'est celle que l'on ne fait pas

Les relations avec les journalistes et partenaires sont si importantes qu'elles ne doivent pas être relayées à une tâche connexe. André Durocher nous donne l'exemple d'anciens étudiants qu'il rencontre alors qu'ils sont employés d'une grande organisation, et leur dit : "Tout le temps que tu étais dans ma classe, tu n'avais pas peur de me parler, et maintenant que tu as un emploi de conseiller en communication, tu ne parles plus. Que ce se passe-t-il?" Cela illustre à bien des égards le principal enjeu des communicateurs : trouver le juste milieu entre leurs propres valeurs, leur authenticité personnelle et les règles dictées par l'organisation voulant contrôler l'information publique. Quelques-uns, une fois pris dans le quotidien organisationnel, ne voient pas la valeur ajoutée à développer et entretenir des liens de qualité avec l'externe. C'est pourtant ce qui définit le travail en relations publiques.

"Malheureusement, dans bien des organisations, les communications ne sont pas stratégiques, ce qui est un problème important, car cela devient impossible de bien comprendre les décisions à haut niveau si le communicateur est écarté du processus décisionnel."

 

Avoir des positions claires sur les enjeux

La prise de position dans les médias peut être risquée si elle n'est pas bien balisée. Pour André Durocher, les trois éléments clés à mettre en application avant toute prise de position sont : 1) prendre le temps de bien valider les infos que l’on rend publiques ; 2) avoir des alliés sur le sujet en question; 3) et s'appuyer sur des faits précis, vérifiables. Il nous raconte ce qui a précédé la démission du chef de police d'Ottawa lors des manifestations contre les mesures sanitaires. Il avait affirmé en entrevue que le chef n'avait plus la légitimité morale pour faire son travail. Il avait auparavant consulté différentes sources afin de s’assurer que cette affirmation reflétait bien la situation. Lorsqu'il a appris la démission, il est revenu en ondes pour honorer cette décision difficile du chef de police. Il est important de se rappeler qu'on est responsable des propos que l’on tient. Lorsqu'on a la chance d'avoir une tribune publique, on a la liberté d'expression tout en ayant un devoir de responsabilité relativement à ce que l’on dit. Il faut l'assumer!

"Tout le monde peut s'exprimer, mais il faut être vrai. Si on est authentique, les gens vont respecter nos propos ".

 

Raconter l'histoire au lieu verbaliser des Q&R

Ce qui vient enlever toute crédibilité aux porte-parole est sans contredit un message qui manque de vérité et d’authenticité, bref, qui semble déjà avoir été mâché par quelqu'un d'autre.

Plusieurs personnes misent encore sur un document de questions écrites, numérotées et des réponses validées. Ce type de document aide le porte-parole à se préparer à une entrevue. Par contre, à présent, à l'ère des médias sociaux, des stories, etc., les communicateurs ont tout intérêt à prendre le virage d'authenticité et de s'intéresser davantage aux dossiers et d'être présents sur "le terrain ", au lieu passer de longues heures à écrire/valider/corriger/réajuster des réponses officielles dans un document écrit.

Selon André Durocher, ce type de document vient conditionner notre cerveau à répondre à telle ou telle question, plutôt que d'écouter son interlocuteur et avoir une vraie discussion franche pour mieux comprendre le contexte, le processus et les impacts d'une décision ou d'un événement.

Lorsqu'il était nouveau dans ses fonctions, un employé lui a tendu un document de questions/réponses qui décrivait une situation avec de potentiels enjeux médiatiques. Il a tout simplement déchiré le papier en regardant le conseiller et lui a dit : "Raconte-moi l'histoire dans tes mots " !


Portrait du communicateur

Une qualité qu'on lui donne : Capacité à créer des liens.

Une personne qui l'inspire : Le regretté Jean Lapierre, un communicateur hors-pair.

Une tâche qu'il n'apprécie pas : alors qu’il était au SPVM, faire valider ses lignes de communication par des personnes qui ne connaissent pas les relations publiques.

Un compliment qu'il a reçu : Lorsqu'il a quitté ses fonctions au SPVM, plusieurs journalistes lui ont dit qu'il était une personne de confiance qui comprenait le rôle des médias.

Sa formation : Formation en communication à McGill (mais au secondaire, il voulait être journaliste), et une Maîtrise en administration publique.

Le nombre d'entrevues qu'il a accordées : près de 2 000.

Une anecdote qu'il n'oubliera pas : En 2000, le SPVM gère des enjeux médiatiques sur des discordes avec la communauté noire. À ce moment, le leader de la communauté noire, Dan Philips avait demandé la démission du chef de police. Quelques jours plus tard des enquêteurs du SPVM ont fait une saisie d’une douzaine de bouteilles de bière (seulement) dans les locaux de la communauté. Un journaliste d'origine haïtienne couvrait cet événement anecdotique, mais qui avait pris une ampleur importante dans les médias. Lorsqu'ils se sont vus pour faire les entrevues, ils ont souri, sachant bien qu'il s'agissait d'enjeu politique hors de leur contrôle.

Un message qu'il veut transmettre à tous les relationnistes : « Lorsqu'on communique avec vous, vous êtes les experts. On veut votre opinion, n'hésitez pas à répondre au mieux de votre connaissance en toute authenticité. Ayez confiance en vous!»

Un message aux plus jeunes relationnistes : "Avant de vouloir promouvoir quoi que ce soit, faites vos devoirs : intéressez-vous aux journalistes, aux influenceurs, connaissez votre environnement médiatique."

Pourquoi le titre de PRP : "Pour moi, c'était la chose logique à faire, car dans mes cours, je demande à mes étudiants de s'impliquer et de miser sur le réseautage pour démarrer et développer leur carrière."

André Durocher est responsable de la sécurité pour une compagnie de transport. Il enseigne les
communications à l'Université McGill et commente l'actualité policière dans plusieurs médias, tant anglophones que francophones. D'ailleurs, l'industrie du camionnage n'a pas tardé à reconnaître ses talents de communicateur puisqu'il tient une chronique hebdomadaire et une baladodiffusion sur le site de Truckstop Québec.


Merci André pour cette discussion!


***Appel aux communicateurs : Dans votre entourage, y a-t-il des PRP qui vous inspirent? Dites-le nous au info@sqprp.ca et nous irons à leur rencontre.

Pour en connaitre plus sur le titre de PRP 

Judith Goudreau, M.A., M.Sc., PRP.
Membre du conseil d'administration
SQPRP

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